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LE JOURNAL DE CHRISTIAN Y

INFOS DÉCRYPTAGE ET ANALYSE

NON À L’INSTRUMENTALISATION DE LA POLITIQUE ETHNIQUE

De toutes les causes qui entravent le développement de notre pays, l'instrumentalisation politique de l'ethnie en est la principale, car c’est d’elle que découle, pour l’essentiel, les antivaleurs qui le minent aujourd’hui (favoritisme, corruption, laxisme, violence politique, etc.). 
En effet, contrairement aux publications « ethniques ou tribales » que proposent certains politiciens et intellectuels  camerounais, ma conviction profonde est que l'ethnie ne doit en aucun cas être mobilisée à des fins politiques.
Le débat politique doit impérativement, me semble-t-il, tendre à devenir un réel débat d'idées, bien que cela soit encore difficile dans le contexte camerounais  actuel, faute d’esprits éclairés susceptibles de transcender la « pensée populaire » et de servir de repères.
Pour  ma part, l'ethnie doit uniquement demeurer un support de nos différenciations linguistiques, sociologiques et culturelles. Les sophismes du type " majorité ethnique égale majorité démocratique " doivent être une fois pour toute récusés, en raison de leurs conséquences sociopolitiques indéniablement bellicistes (Cf. le cas récent du Rwanda).
Afin de favoriser justement la mixité sociologique, porteuse d’une citoyenneté camerounaise débarrassée des affres de l’ethnisme, l'accent doit être mis sur la prise en compte réelle de l'espace local en tant que lieu d'une mixité nécessaire et salutaire, et de l'acteur local en tant qu'habitant de ce lieu (indépendamment de son origine ethnique ou tribale) et non sur celle de l'autochtone au sens tribal ou ethnique. La décentralisation effective que  j’appelle de tous mes vœux ne peut être utile à la construction de notre nation qu'à cette unique condition. 
L’ethnisme en tant qu’idéologie fasciste basée sur l’instrumentalisation politique de l’ethnie et la propagation de la haine de l’autre, entendu ici celui qui appartient à une autre ethnie, doit être distingué de l’amour légitime que chacun de nous peut avoir pour son ethnie en tant que support de son identité linguistique, sociologique ou culturelle, mais aussi et surtout comme moyen de dialogue et d’échange avec l’autre.
Il convient par ailleurs que chacun de nous réalise une fois pour toute que la gestion d’un pouvoir politique (en démocratie, comme en dictature) demeure avant tout une affaire de clientèle, d’amitiés et d’alliances de toutes natures transcendants les clivages ethniques ou tribales. On ne peut raisonnablement affirmer qu’une ethnie est au pouvoir au seul motif que le Chef de l’État et une partie de ses ministres et conseillers en soient issus! 
La vérité doit nous obliger à reconnaître qu’il n’y a jamais eu, quelles que soient les alternances, ni des routes bien faites, ni d’hôpitaux modernes, ni de réseaux électriques ou d’eau, ni d’écoles et universités modernes…etc., pour l’usage exclusif des seuls ressortissants de l’ethnie soi-disant tenante du pouvoir. La vérité est que tous les camerounais souffrent des mêmes maux, hormis une minorité des réels détenteurs du pouvoir politique qui dans la réalité ont toujours appartenu à des clientèles politiques regroupant en leur sein la plupart des ethnies du Cameroun… .
Par ailleurs, plusieurs limites peuvent également être opposées à ce mode de raisonnement. La première est celle relative à la pertinence même de l’échelle d’analyse de l’ethnie.  il convient de noter d’emblée qu’il est faux de postuler l’existence d’une homogénéité au sein d’une ethnie, car toute ethnie est, elle-même aussi sujette à une certaine hétérogénéité (lignages, clans, etc.).  Penser que le simple fait qu’une ethnie soit au pouvoir, suffirait à régler de manière consensuelle les problèmes de gouvernance  même au sein d’une ethnie est une pure vue de l’esprit. De même, leur nombre (ou il y’a même combien ayant Cameroun oooh) dans notre pays limite le caractère opérationnel d’une telle proposition.
Il convient donc pour chacun de nous de prendre un peu congé du discours ambiant et des faits divers pour considérer en leur fond les problèmes de notre pays, dont l’événementiel et la pensée unique et inique de nos politiciens et pseudo-intellectuels continuent à nous voiler la réalité et la complexité, distrayant ainsi notre indispensable réflexion sur leur véritable nature.
L'enjeu aujourd'hui est de susciter l'émergence de la citoyenneté et non de promouvoir le repli identitaire aux relents xénophobes et sectaires. Cette tâche incombe aussi bien à l’intellectuel conséquent, à l’homme politique responsable, aux médias et journalistes professionnels qu’à tous les Camerounais soucieux du progrès de notre pays.
Puisse cette modeste réflexion inspirer nos 《apprentis sorciers》.

 

                 CHRISTIAN YOUNKEP 

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